« Il est temps de partir, vieux camarade. Laisse ta page à peine écrite, ferme le livre du soleil. Ce qui fut dit dans la jardin te servira peut-être ». Claude Esteban, dans Le jour à peine écrit décrivait déjà la situation, qui devrait se présenter à Aliou Cissé actuellement. À la tête de l’équipe nationale du Sénégal depuis mars 2015, il est peut-être temps pour Aliou Cissé de rendre le tablier et laisser un autre poursuivre son œuvre. L’élimination en huitièmes de finale de la CAN ivoirienne a creusé une plaie, difficile à panser pour un entraîneur, qui n’a plus les coudées franches pour redresser le bateau en pleine tempête.
Un discours usé
Après une pige aux côtés de Karim Sega Diouf aux JO de 2012, Aliou Cissé a reçu les faveurs d’un peuple, qui ne voulait plus d’un sorcier blanc. C’est ainsi qu’il est plébiscité pour remplacer Alain Giresse, qui s’est moqué de supporters qui avaient une « haute idée de leur football, qui n’a jamais rien gagné ». Depuis mars 2015, El Tactico a fait mieux que tous ses prédécesseurs sur le banc des Lions. Avec 102 matchs, le rastaman table sur 66 victoires, 23 matchs nuls avec 13 défaites, une finale perdue (2019) et une CAN gagnée au Cameroun (2021).
Un palmarès riche comme ses cheveux mais qui connaît depuis un certain un véritable coup de mou. Il n’a plus les mots juste pour garder son groupe sous contrôle. Ce qui peut se justifier par l’usure d’un discours qui ne passe plus, malgré un renouvellement entamé. Plusieurs générations se sont succédées entre les mains de Cissé. Mais il semble atteindre ses limites. En témoigne le climat très froid avec Sadio Mané, qui ne cache plus son désaccord. Les supporters n’en parlons même pas.
Un système foireux
Pendant10 ans à la tête de la sélection, Aliou Cissé a fait du 4-3-3 et du 4-2-3-1 ses armes de destruction massive. Mais depuis l’avant CAN 2023, il a décidé d’expérimenter un autre schéma, qu’il va parfaire durant la compétition. C’est précisément le 16 octobre 2023 face au Cameroun (1-0) en France que le nouveau système est mis en pratique . Les Lions s’imposent mais des doutes persistent.
🚨Gana Guéye qui se met à genoux pour voir🙏🏿 Le reste ne intéresse moins 😂 pic.twitter.com/yC1szE7ek8
— ToutFoot (@tout_foot_) September 7, 2024
Des doutes partiellement levés une fois en Côte d’Ivoire quand Aliou Cissé a trouvé en Pape Guéye une pièce centrale de son dispositif avec un rôle hybride entre la défense et le milieu. Grâce à lui, le Sénégal survole les poules avec trois victoires. D’ailleurs son absence face à la Côte d’Ivoire en huitièmes a été fatale. Depuis la CAN, avec ce système c’est deux victoires et deux matchs nuls. Mais c’est surtout un manque de coordination et d’automatisme dans le jeu . Les joueurs ne sont plus dans les conditions de performances. Les nuls face au Congo et au Burkina Faso sont assez illustratifs.
Après avoir tout connu avec cette équipe du Sénégal le moment est venu pour Aliou Cissé de faire ses adieux pour ne pas davantage entacher la belle page de l’histoire qu’il a déjà écrite avec les Lions.
[…] On la sentait venir celle-là. Le bail de Cissé à la tête de l’équipe nationale déjà arrivé à termine le 31 août dernier n’ira finalement pas au-delà. Les nouvelles autorités par l’intermédiaire de la fédération sénégalaise de football, qui est sous sa coupe, ont décidé d’aller en direction d’une volonté populaire qui s’accentue de plus en plus. Une décision certes attendue, avec un timing qui pose problème. Pourquoi licencier un sélectionneur à 72 heures de la publication d’une liste pour deux matchs capitaux à la qualification à la CAN ? Ce qui peut s’apparenter à un manque de considération envers un sélectionneur, qui est pourtant le plus grand, en terme de palmarès et de longévité que le football sénégalais a connu. Car oui, malgré les critiques sur sa conception du jeu, Aliou Cissé c’est un legs inestimable. […]