Les conséquences des activités de vacances dites « navétanes » ont fait échos jusqu’au palais présidentiel. Aussitôt, le président de la république a instruit son équipe à procéder à sa réforme « afin de les ancrer dans le développement du civisme et la promotion d’une citoyenneté constructive ». Bassirou Diomaye Faye déplore des manifestations qui perturbent « l’ordre public provoquant des incidents violents et tragiques dans plusieurs localités du Sénégal ». Un mal très profond avec des conséquences néfastes aussi bien dans l’éducation de la jeunesse que dans la durée de vie des infrastructures sportives. D’où l’urgence d’exécuter l’ordre donné par le chef de l’Etat, pour un redonner aux activités de navétanes une fonction didactique.
Plus de mal que de bien
🚨 Violence dans nos stades
Des images du Stade des Parcelles Assaines, vandalisé et endommagé dans la nuit à l’occasion d’un match de Navetanes opposant ASC JANTBI et ASC Entente (2-2).
On rapelle que ce stade est régulièrement utilisé en L1 et L2 depuis son inauguration 😳 pic.twitter.com/Haf9XruuRt
— SenFoot 🇸🇳 (@SenFoot) October 15, 2023
La mort du jeune Moustapha Dieng à Yeumbeul, dans les affrontements qui ont précédé le match entre Farba et Natangué est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est l’électrochoc qui a ému tout le pays et qui a été à l’origine de la suspension des compétitions dans tout le département de Keur Massar.
Mais cet événement malheureux est loin d’être le seul mal qui gangrène ce mouvement. La violence fini par s’ériger en norme dans les stades et les supporters ne rivalisent que par la véhémence des chants ou la force de frappe d’un groupe sur un autre. C’est le cas à Guédiawaye, cette année où les compétitions départementales ont été suspendues depuis le 11 janvier « jusqu’à nouvel ordre », à cause de la violence qui continue de prendre de la place dans le secteur.
Ce terreau fertile à la violence et des fois à la mort ne laisse pas non plus indemne les infrastructures. De Guédiawaye à Rufisque en passant par les Parcelles Assainies, des pelouses sont charcutées, des filets déchiquetés, des vestiaires saccagés. Tout ce désordre perpétuel pousse davantage la réflexion vers la nécessité d’une refonte générale.
Réformer le fond et la forme
🚨Les « Navétanes » bientôt reformés. Sur @walfadjrisn le ministre de l’Intérieur Jean Baptiste Tine annonce des discussions pour réduire la durée, limiter les activités à la période des grandes vacances et la lutte contre les violences dans les stades ! pic.twitter.com/7sQmb1v7na
— Tout’Foot (@tout_foot_) January 30, 2025
Réformer les navétanes passe d’abord par encadrer le calendrier. C’est là où le ministre de l’intérieur a commencé son argumentaire sur Walfadjri. Jean Baptiste Tine, qui a dénombré plus de « 8000 clubs » veut que les activités se déroulent « exclusivement » lors des grandes vacances. C’est-à-dire entre début juillet et fin octobre. Un objectif difficilement atteignable, vue la prolifération des ASC, surtout dans les grandes villes et les gains que les responsables récoltent chaque année. Il faudra « se battre » avec Amadou Kane, président de organisme départemental de coordination des activités de vacances (ODCAV), pour lui arracher son bébé. Mais comme l’a dit le ministre, il faut passer par la case concertation.
🚨🇸🇳
Les Navetane sont suspendus jusqu’à nouvel ordre à Guédiawaye, les motifs suivants:– récurrence des scènes de violences et agressions après matchs ;
– destructions de biens publics et privés ;
– menaces permanentes de troubles à l’ordre public.#Senegal #Navetane #Jubbanti pic.twitter.com/ui8OV6Oc0M— Le Panafricain✊🏿🌍🇸🇳🇨🇩🇵🇸 (@Le_Patriote_221) January 12, 2025
Le journaliste Chérif Sadio est dans la même logique. Sur son compte X, il propose lui, de « repenser » le modèle de l’ASC à travers « une politique inclusive et soutenue, mettant l’accent sur les aspects culturels et civiques pour un impact environnemental accru ». Une idée qui rejoint la volonté du chef de l’état de retaper un secteur gangrené par les conflits d’intérêts, les violences et les pillages.
En tout état de cause, la pratique des navétanes ne pouvait plus se pérenniser ainsi. Mais il faudra, de la fermeté et surtout beaucoup de courage et d’ingéniosité, car la meute en face ne se laissera pas faire.
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