Pikine-Jaraaf, le derby par procuration

Dans la plupart des championnats, les derbys sont les dates qu’il faut cocher, sur son agenda en début de saison. Mais ailleurs, comme c’est le cas chez nous, des clubs avec aucun lien géographique se sont détestées au point de créer une rivalité, qui dépasse tout entendement. C’est le cas entre Real et Barça en Espagne mais également au Sénégal, avec deux clubs éloignés de plusieurs kilomètres. Jaraaf et Pikine ont simplement décidé de ne pas se supporter et leurs supporters ne partiront jamais en vacances. Une affiche qui attire toujours l’attention entre deux entités que tout oppose/ou pas.

Même amour, même haine

Le Jaraaf déclare la guerre à cette bande de dissidents, au cœur des supporters du club de la Médina.

Aussi paradoxale que cela puisse être, les publics de Pikine et Jaraaf ont beaucoup de points communs. Leurs matchs à domicile sont animés et les fans crient à gorge déployée du coup d’envoi eu coup de sifflet final. Même s’ils se comportent en téléspectateurs, quand les choses tournent mal. Malheureusement ces deux publics peuvent aussi se distinguer de manière négative. Malick Daf les a traités de « simples parieurs, qui ne comprennent rien au foot », quand ces derniers ont manifesté leur mécontentement. Des sanctions de la CAF et une suspension des animations s’en sont suivies, avant que la situation ne s’apaise finalement.

Pas de supporters de Pikine pour le match de la 8e journée face au Jaraaf

La même situation est arrivée à Pikine. Des dirigeants ont été « séquestrés », des plaintes déposées, les tribunes suspendues avant que la paix précaire n’y règne de nouveau. À Pikine comme au Jaraaf, les pratiques restent les mêmes, malgré tout.

Je t’aime, moi non plus

L’opposition ou même la haine qui existe entre ces deux clubs s’est signalée à plusieurs reprises, avec des scènes très malheureuses au stade. Des jets de projectives, de grenades lacrymogènes, des supporters, qui errent dans les rues de Pikine ou de la Médina, pendant plusieurs heures, par peur d’être bastonnés. C’est ce qu’on remarque à chaque fois que les deux « amis » se croisent. C’était notamment le cas au match aller à Yoff. Même si le comité de supporter de Pikine avait ordonné à ses membres de ne pas se déplacer, les violences ont quand-même eu lieu. Des débordements qui avaient, en ce moment poussé, la direction du club à suspendre toutes les activités de son comité de supporters.

🚨La commission de discipline de la ligue de football professionnel a sanctionné le Jaraaf. Suite aux incidents lors de la 8e journée face à Pikine, le club de la Médina va jouer deux matchs à huis clos. pic.twitter.com/Hp1jbWI3qy

— Tout’Foot (@tout_foot_) January 28, 2025

Une confrontation, donc qui n’a jamais été une partie de plaisir pour les forces de défenses et de sécurité, toujours mises à contribution.

Le sportif par-dessus tout

Mais au-delà de la rivalité dans les tribunes, sur le terrain, ce match revêt une grande importance. Jaraaf, qui a été ralenti dans sa course par un nul et une défaite (Wallydaan 1-0, Jamono 1-1) sent derrière l’oreille, le souffle de Gorée et Wallydaan. Pas le droit à l’erreur pour les leaders médinois. Pikine a toutes les raisons de se méfier, car le Jaraaf est la deuxième meilleure équipe à l’extérieur avec 6 victoires pour seulement 3 défaites.

🚨Affrontements entre supporters au stade de Yoff entre Jaraaf et Pikine après le nul vierge … pic.twitter.com/MNfl4GxthM

— Tout’Foot (@tout_foot_) December 31, 2024

Mais il faut le dire, la dynamique est du côté des Sandikalistes. ASP est sur quatre matchs sans défaite dont trois victoires consécutives. En plus du nul à l’aller (0-0), l’enjeu de ce match est certes important, mais la rivalité l’est encore plus.