Les musulmans du championnat français sont prévenus. Aucune minute ne leur sera accordée pour rompre leur jeûne, en cours de match. Mais en réalité, malgré l’indignation, il n’y a rien de nouveau, puisqu’il n’ a jamais été autrement en France. Les textes sont respectés à la lettre et à chaque fois, à le recherche d’un idéal, quitte même à choquer l’opinion et enrager les minorités, qui se révoltent. La réforme des retraites est la parfaite illustration de cet entêtement français. Bref, reparlons un peu football. Ce sont de belles images qu’on voit récemment en Angleterre et en Allemagne où l’arbitre interrompt le match et permet aux jeûneurs de se désaltérer, après une journée sans rien manger ou boire. Sadio Mané, Mohamed Salah, Moussa Niakhaté et Saïd Benrahma se sont pendant longtemps illustrés dans ce domaine.
Le rappel de la F.F.F.
« On connaît l’Angleterre, il faut l’avouer, ils sont plus ouverts que nous sur le sujet et ça a toujours été comme ça. Ce serait bien que la France le fasse, mais ça ne pose de soucis à personne qu’on ne le fasse pas car on n’est pas dans un pays musulman. Il faut accepter le pays où l’on vit ». Cette dernière phrase de l’entraîneur du Gym pouvait clore définitivement un débat sur le ramadan des joueurs professionnels en France. Mais Didier Digard ne veut pas se brûler les mains, en prenant position sur un sujet aussi polémique que compliqué. Et il met les gants pour finir par «on ne juge pas ». C’est ce que la fédération française de football n’a pas hésité à faire, en publiant un communiqué, rappelant aux arbitres que « ces interruptions ne respectent pas les statuts de la F.F.F. ». En d’autres termes, les footballeurs musulmans, qui décident de respecter ce quatrième pilier de l’Islam, tout en jouant avec leurs clubs, ne vont pas bénéficier d’un petit moment pour rompre leur jeûne. Comme c’est le cas en Angleterre et en Allemagne. Aucune marge de manœuvre ne leur est laissée et les déviants peuvent être sanctionnés.
L’exemple du frère anglais
Si cette fermeté de la FFF peut choquer beaucoup, les acteurs de la Ligue 1, eux sont habitués. Cette semi polémique dans le monde musulman n’aurait jamais fait autant échos, si La Premier League, n’avait pas décidé de desserrer l’étau et d’accorder aux joueurs musulmans une minute pour rompre leur diète, pendant un match. D’ailleurs c’est déjà une habitude dont ont bénéficié à Cheikhou Kouyaté et Wesley Fofana. Une pratique toujours d’actualité dans le royaume, qui se veut l’exemple du respect des confessions, de tous. Dès le début du mois de ramadan, tous les clubs anglais ont publié sur leurs réseaux de petites vidéos de joueurs, souhaitant un mois béni à leurs frères de confession musulmane. Et avec la grande communauté indienne, qui raffole du championnat de Harry Kane, c’est la meilleure façon de souder davantage les rapports entre acteurs et amateurs. Ce que Chelsea a très vite compris avant tout le monde. Le club londonien a donné l’exemple en invitant les musulmans à rompre le jeûne dans son antre de Stamford Bridge et pour Simon Taylor, directeur de la Fondation Chelsea c’est une façon de « tenir en considération le ramadan et notre communauté musulmane est un aspect crucial de notre travail de promotion de la tolérance religieuse ». Ce qui est impensable en France où l’excuse de la laïcité est toujours agitée par les décideurs, pour prendre des décisions, qui en réalité n’ont rien de laïques.
Pourtant rien de grave
Mais pourquoi, cette décision française ne devrait en aucun cas déranger le monde musulman du football ? Parce que déjà, ils ne sont pas obligés de se conformer à tout le monde et que chaque pays a ses propres réalités. Dans les pays musulmans et dans le Maghreb, les matchs sont programmés à des heures, qui arrangent tout le monde. C’est-à-dire après la rupture. Une façon de permettre aussi bien aux équipes qu’aux supporters d’assister au match, avec plus de force.
L’autre alternative qui permet aux footballeurs musulmans de rompre leur jeûne, en cours de match, sans problème ce sont les arrêts de jeu. Déjà lors de la coupe du monde au Qatar, tout le monde a remarqué des temps additionnels, trop longs que le président de la commission des arbitres à la FIFA avait annoncé en voulant « éviter les matches à 42, 43, 44 minutes de temps effectif. Donc les temps de remplacements, de penalty, de célébrations, de soins médicaux ou bien sûr de VAR, devront être compensés ». Pierluigi Collina, comme beaucoup d’amateurs ont remarqué que le temps effectif d’un match de football se réduit de plus en plus. Tout cela, pour dire que les musulmans pourront rompre tranquillement leur jeûne, durant les arrêts de jeu. Même si la France ne veut pas s’aligner, la nature du football permet à tout le monde, d’en même temps vivre de sa religion et de sa passion.
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