POURQUOI LE PUBLIC A TOURNÉ LE DOS À SON ÉQUIPE ?

C’est un véritable cri de cœur lancé par Aliou Cissé. Comme si le sélectionneur national avait hâte d’en parler. « Face à la RDC on n’a pas senti le public (…) nous avons besoin d’un véritable public » a crié El Tactico, qui veut revoir la même affluence que face à l’Égypte, lors du match retour de la qualification au mondial le 29 mars 2022. La question du journaliste sur un désamour entre l’équipe nationale du Sénégal et son public est donc très pertinente, car depuis ce fameux match face aux Pharaons, le stade Abdoulaye Wade de Diamniadio sonne creux à chaque fois que la bande à Sadio Mané foule la pelouse.

Des défis logistiques 

Le premier motif qui complique le déplacement des supporters vers Diamniadio est logistique. Malgré la beauté de l’infrastructure et ses 50 000 places, il est difficile pour les supporters de quitter Dakar et sa banlieue, se rendre au stade, suivre le match et rentrer chez eux sans accroc. Les 36 KM, qui séparent les deux villes deviennent un verbale parcours de combattant. Car oui, à chaque match du Sénégal, ce sont des embouteillages monstres, des péages, qui ne désemplissent jamais et des tracasseries aux portes du stade. Raison pour laquelle, la plupart sont soit découragés ou peinés de faire ce long périple, pour encore faire face aux mêmes difficultés avant rentrer après le match.

C’est la principale raison évoquée par le boss des Lions, qui a constaté lui aussi ce divorce, entre son équipe et ses souteneurs. Le supporter sénégalais rencontre trop d’obstacles pour seulement encourager son équipe.

L’enjeu avant tout 

Ce Sénégal-Égypte dont tout le monde fait référence, s’est joué dans un contexte particulier. Les Lions sortaient d’une victoire historique à la CAN au Cameroun. Ajouter à cela un match aller lors duquel, les hommes de Aliou Cissé ont subi toutes formes d’injustice de la part des supporters égyptiens. C’était donc un moment de sortir les lasers et de se venger. Une vengeance qui s’est même organisé à travers les réseaux sociaux avec des influenceurs, qui ont poussé le public à en découdre avec leurs homologues d’Égypte. C’est d’ailleurs le seule fois ce stade de 50 mille place s’est rempli pour l’occasion.

Le stade Diamniadio plein face à l’Egypte le 29 mars 2022

Depuis ce match, le Sénégal n’a plus un adversaire avec une même motivation qui peut pousser ses supporters à se mobiliser de la sorte. En dehors de l’enjeu des matchs, le jeu produit par les Lions est loin d’enchanter les fans. Même Sadio Mané s’y est mis.

Des séquelles politiques 

Au Stade 🏟️ Abdoulaye Wade de Dakar. 12-09-2023. Une minuit de silence transformé en Une Minuit de #LiberezSonko #LiberezSonko #LiberezSonko 🗣️🇸🇳✊🏿
Le message est fort, cette jeunesse tient à l’homme qui porte leur espoirs, le symbole de l’envole du phénix endormi depuis trop 1/2 pic.twitter.com/wAzU5erTzO

— Baay_Saar 🇸🇳🌍 (@BaaySaar) September 13, 2023

De 2021 à 2024, le Sénégal a connu les tensions politiques, sans doute les plus violentes de son histoire. Durant cette période, les joueurs ont brillé par leur mutisme. Les seuls qui ont réagi, l’ont fait avec trop de neutralité. Ce qui peut expliquer ce divorce avec ce public, qui se sent « abandonné » par son équipe, dans les heures les plus sombres de son histoire politique.

🚨🇸🇳 Stade Parcelles Assainies:
Grand Médine Vs Cité Soprime Sonkorisé !!! ✊🏿❤️💯🤩🇸🇳#FreeSenegal#FreeSonko pic.twitter.com/KegUf0LYpq

— Jeune Patriote Panafricain✊🏿🌍🇸🇳🇨🇩🇲🇱🇰🇼 (@Jeune_Activiste) September 10, 2023

Près de 60 jeunes tués et des centaines d’arrestations dans les affrontements entre Ousmane Sonko, soutenu par la jeunesse et le régime d’alors. Une lutte transposée dans les gradins du stade, avec des « Libérez Sonko » le 12 septembre en amical face à l’Algérie. C’était la même chose dans tous les autres stades du pays. Un combat politique qui s’invite dans le football et qui a fini par l’infecter pour continuer à creuser un écart, qui existe déjà entre l’équipe nationale du Sénégal et son public.

La rupture est consommée et avec la liste très contestée de Aliou Cissé et son arrogance, le stade Abdoulaye Wade de Diamniadio risque encore de sonner creux ce vendredi 6 août face au Burkina Faso.