Le constant est le même chez tous les détracteurs du foot local : les attaquants ne marquent pas beaucoup de buts. Malheureusement sur ce plan, on ne peut rien leur reprocher puisqu’ils ont raison sur toute la ligne. En 25 journées, le meilleur buteur n’a marqué que 8 fois. Un ratio très faible, qui interroge sur la qualité des attaquants du championnat local. Raison pour laquelle, il est impossible de s’offusquer de leur absence des listes du sélectionneur. Depuis la professionnalisation de notre football aucun autre joueur n’a fait mieux ou autant que Ibrahima Niane. L’ancien attaquant de Génération Foot avait planté 19 pions lors de la saison 2016/2017. Un record et donc un luxe que les actuels attaquants ne peuvent pas espérer savourer.
Une formation qui fait défaut
Plusieurs facteurs peuvent expliquer ce manque d’efficacité des attaquants de nos clubs. Mais Joseph Senghor pointe le volet formation. Pour l’entraîneur de l’AS Pikine, il faut « rapidement identifier les profils leur octroyer un entraîneur spécifique et procéder à la répétition des gammes au quotidien ». Pour lui, il faut obligatoirement une spécialisation des entraînements pour créer de vrais buteurs. Ce qui n’est pas le cas pour le plupart des équipes. L’ancien entraîneur de l’AS Douanes va plus loin et propose même des « entraîneurs exclusifs pour les attaquants, comme on le fait avec le gardiens». Un renforcement des staffs est donc nécessaire pour mettre les attaquants dans de meilleures conditions pour scorer plus. Mais la difficulté réside également dans la nature du championnat et la volonté manifeste de certaines équipes de tout le temps fermer le jeu, parce qu’elles ne veulent pas perdre.
« Le but c’est dans le sang »
« Au Sénégal on manque d’attaquants types » a d’emblée déploré pour sa part Sidath Sarr. Presqu’une lapalissade, dans une ligue où le meilleur buteur parti depuis janvier avec ses 8 buts n’est rejoint que quatre mois plus tard. Mais apparemment seule la formation ne suffit pas pour être un vrai buteur. Car pour l’entraîneur de la Sonacos, «être buteur c’est l’avoir dans le sang ». C’est-à-dire un flaire avec une « facilité de se déplacer et de plonger derrière les défenseurs au bon moment ». Il précise néanmoins « qu’une bonne défense en face peut aussi être un obstacle » pour les offensifs.
Tout le monde finit par se retrouver sur la même logique : il faut un travail spécifique et collectif pour augmenter les chances des attaquants locaux. Mais il ne faut pas non plus occulter l’enjeu, qui est de trouver un équilibre d’équipe, conclut Sidath Sarr, qui entraîne, pourtant l’un des meilleurs artificiers du Sénégal, Pape Souleymane Dione.
Départ prématuré des attaquants
Après une bonne saison, tous les joueurs rêvent de voyager. C’est leur droit certes, mais c’est aussi une des causes de la pauvreté du championnat. Surtout chez les attaquants. C’est d’ailleurs la thèse défendue par l’entraîneur de Wallidaan. Selon Beau Touré « pour avoir un bon attaquant, il faut avoir joué le championnat, le maîtriser pendant deux ou trois ans ». Le technicien prend exemple sur Mbaye Jacques Ndiaye, qui avait la possibilité de battre le record de buts en championnat. Mais en réalité chacun a ses raisons, qu’il faut aussi respecter n’en déplaise aux fervents défenseurs du foot local.
Beau, lui pense que les joueurs doivent rester plus longtemps au Sénégal, pour avoir la possibilité de marquer « 30 buts par saison ». Ces derniers ne vont certainement pas suivre ses conseils. Mais il faut néanmoins lui concéder la pertinence de son idée.
D’ailleurs ce n’est pas pour rien que les deniers joueurs locaux convoqués en équipe nationale sont tous, à vocation défensive ( Moutarou Baldé, Alioune Badara Faty, Mamadou Sané et Cheikh Tidiane Sidibé). Pour dire que le mal est persistant et que les formateurs ont du chemin à faire.
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