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UNE ZONE MIXTÉE DE COLÈRE

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C’est pourtant un rituel pour la presse sportive et les joueurs. Après chaque match, une partie des journalistes se regroupent et attendent la sortie des joueurs, qui par affinité ou par responsabilité viennent donner quelques infos croustillantes aux professionnels de l’information, qui en demandent encore plus. Mais le refus des joueurs sénégalais à s’adonner à la pratique, ce vendredi et qui a provoqué l’ire de la presse nous pousse à nous interroger sur le sujet. En réalité la « mixed zone » a été adoptée, après la Coupe du monde de football 1994 aux États-Unis. Contrairement à la perception qu’en font beaucoup de journalistes sénégalais, c’est un exercice bien codifié. En France par exemple, un règlement de la Ligue de Football Professionnelle stipule qu’il s’agit d’« un lieu accessible aux journalistes pour la réalisation d’interviews d’acteurs après le match » et que « les joueurs des deux équipes devront y passer mais sans obligation de leur répondre ». Malheureusement, c’est cette dernière disposition que beaucoup ont du mal à saisir au Sénégal. C’est ce qui a été à l’origine de la colère de Saikou Seydi et ses camarades, au sortir de la large victoire du Sénégal face au Mozambique (5-1)

Une presse debout !!!

Quand Aliou Cissé et ses joueurs sont sortis des vestiaires et ont trouvé un hall vide de ses occupants, ils devraient en principe se poser beaucoup de questions. Mais les réponses sont vite trouvées. La presse, lasse d’attendre a décidé de les boycotter. Cheikh Tidiane Diagne de la Radio Futurs Médias est le principal frondeur, en lançant un gros coup de gueule, « il faut boycotter ces joueurs, rentrons. Ces gens ne nous respectent pas. On a attendu près de deux heures et aucun joueur n’a daigné se présenter devant, c’est inadmissible », même s’il y a l’exception Abdallah Ndour, qui a défié les caméras pour parler de son match et de son retour en sélection. Mais en réalité, c’est le comportement globale qui a irrité Lamine Mandiang Diedhiou. « Ne restons pas là, il faut sortir, que personne ne reste », a lancé à l’endroit de ses camarades, le journaliste de Bès Bi. Quasi inédit de voir presque toute une presse, debout, comme un seul homme pour mener un même combat, puisqu’il y a toujours des déviants , qui rament à contre-courant. Mais ce n’est pas grave, il fallait marquer le coup et se faire entendre. Plus enclin à extérioriser sa colère, Saikou Seydi qui n’a pas mâché ses mots, a même surpris le président de la fédération sénégalaise de football, qui tentait de calmer ses collaborateurs, «  ces joueurs ne sont rien sans la presse. Ils n’étaient rien avant. Mais aujourd’hui on les attend pendant deux heures et personne n’est venu nous parler ». Augustin Senghor a finalement décidé de renoncer à sa conciliation, parce que l’ambiance était déjà trop électrique pour lui. Malgré la joie que devrait procurer ce succès éclatant des Lions, c’est malheureusement avec amertume que les journalistes sont rentrés chez eux, le ventre vide pour certains, tout en accusant Aliou Cissé et son staff technique de « manque de respect » à l’égard des confères.

Un combat pour le respect !!!

Pour autant le président de la fédération de football, le seul dirigeant qui a tenté de d’éteindre le feu, s’est fait ramassé par une meute, qui lui en veut. Ses « calmez-vous » n’ont pas apaisé Mor Bassine Niang et ses collègues, très déterminés, au moins cette fois-ci, à en découdre avec l’équipe nationale. « Ils n’osent pas faire ça en club. On est là pour la nation, qu’ils nous respectent », c’est la comparaison la mieux partagée chez les suiveurs des Lions, qui ont complètement tourné le dos à leurs sources. Mais cette crise à la zone mixte n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. La presse dénonce depuis longtemps ses difficultés à couvrir normalement les matchs du Sénégal, à domicile de surcroit. Et pour ce 24 mars, les contrôles abusifs des forces de l’ordre, qui exigeant des macarons et autres documents spéciaux, que la FSF ne leur donne presque jamais, l’interdiction d’introduire de la nourriture pour la rupture du jeun, ont tout d’abord énervé toute la corporation. C’est d’ailleurs la raison principale de la colère de Saikou Seydi. « D’abord on nous interdit d’apporter à manger » a-t-il crié, sur un ton très sévère pour évoquer le ramadan.

Un boycott hautement symbolique qui aura forcément des répercussions sur les rapports entre El Tactico et ses « amis » de la presse. Il va même dégrader, comme ce fut le cas, au tout début du règne de Cissé, l’atmosphère ente les deux camps. Mais au moins, cette fois-ci la presse a fait bloc pour dire non, à un manque de respect, qui dit son nom, envers une minorité de professionnels, qui ne ménagent aucun effort pour vulgariser les performances de l’équipe nationale de football du Sénégal. Mais en attendant, espérons que Me Augustin Senghor va transmettre le message reçu.

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